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façon à abréger le voyage d’environ un demi-mille. Les chercheurs arrivèrent enfin auprès d’une mare à moitié cachée par des ronces et qui se trouvait à droite du sentier. En face de l’étang, toute trace des pas du cheval disparaissait. On eût dit qu’une lutte avait eu lieu à cet endroit, qu’on avait tiré du sentier jusqu’à la mare quelque chose de plus grand et de plus lourd qu’un corps humain. À deux reprises, on dragua la flaque d’eau, mais sans y rien découvrir ; la bande allait s’éloigner en désespoir de cause, lorsque la Providence suggéra à M. Bonenfant l’idée d’un drainage complet. Cette proposition fut accueillie avec enthousiasme et l’on adressa à M. Bonenfant une foule de compliments sur sa sagesse et son esprit d’initiative. Comme beaucoup de Rattlebourgeois s’étaient armés de bêches en prévision d’un cadavre à déterrer, on eut bientôt drainé l’étang, dont le fond ne fut pas plus tôt à jour qu’on y aperçut un objet qu’on ne tarda pas à reconnaître pour un gilet de soie noire appartenant à M. Pennyfeather. Ce gilet était tout déchiré et taché de sang ; plusieurs des assistants se rappelèrent l’avoir vu sur le jeune homme, le matin même du départ de M. Shuttleworthy ; tandis que d’autres étaient prêts, au besoin, à déclarer sous la foi du serment, qu’à la fin de cette mémorable journée, M. Penny-