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encore le point de vue d’où nous pouvons juger Edgar Poe, par la variété des sujets qui y sont traités. Tableaux romantiques, scènes de mœurs, études des aberrations du cerveau, douces pénétrations du véritable amour, entraînements désordonnés de la passion, comédie et drame, enfin des pages écrites sous la seule inspiration poétique, tels sont les éléments principaux dont se composent ces Contes surprenants. — Tandis que Théodore Hoffmann, également amoureux de l’hallucination, s’arrête à ce qu’elle lui montre, et, comme s’il craignait de faire fuir cette vision en la regardant de trop près, se hâte de dessiner les formes qu’elle revêt, Edgar Poe, plus puissant, grave et retient cette image dans son cerveau comme le ferait un miroir de photographie. Puis, maître de l’image ainsi fixée, il s’en approche, la retourne sous toutes ses faces ; il se prend corps à corps avec cette ombre ; il essaye d’en deviner l’essence, aussi bien que d’en connaître les mobiles expressions. Voilà pourquoi, chez lui, le fantastique s’élance si facilement hors des objets pour prendre possession de l’âme humaine ; car c’est de cette pénétration réciproque et simultanée que naît toute sa puissance, que naissent en outre ce qu’on peut vraiment appeler sa valeur et son explication scientifiques. Si, dans les systèmes des philosophes allemands, l’objectif et le subjectif se confondent parfois si étroitement qu’on ne sait plus lequel des deux crée l’autre, à plus forte raison, dans certaines analyses