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presque pu la regarder comme l’égale de la célèbre Ninon de Lenclos.

Immensément riche, restée veuve pour la seconde fois, et sans enfants, elle avait songé à l’existence d’un certain Napoléon Bonaparte, devenu citoyen des États-Unis, dont elle songeait à faire son héritier. Elle était venue en Amérique en compagnie d’une parente éloignée et admirablement belle de son second mari, une madame Stéphanie Lalande.

À l’Opéra, la persistance de mes regards m’avait fait remarquer de ma trisaïeule qui, après m’avoir examiné à travers son lorgnon, fut frappée d’une ressemblance qui existait entre elle et moi. Cet air de famille devait d’autant plus l’intéresser qu’elle savait que l’héritier qu’elle cherchait habitait la même ville, et elle avait interrogé son voisin sur mon compte. Ce dernier me connaissait de vue et lui dit qui j’étais. Ce renseignement engagea la vieille dame à m’examiner de nouveau, — ce qui m’avait poussé à tenir la conduite absurde que j’ai racontée. Elle m’avait rendu mon salut, convaincue qu’un étrange hasard m’avait aussi découvert qui elle était. Lorsque, trompé sur l’âge et les charmes de la dame, par la faiblesse de mes yeux et par les artifices de sa toilette, j’avais mis tant d’enthousiasme à prier mon ami Talbot de