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cher de leurs efforts et s’abandonner à un morne découragement. Il ne semblait rester que fort peu d’espoir de sauver l’enfant… (et la mère qui donc la sauvera ?)… Mais voilà que tout à coup on voit sortir de l’ombre de ce renfoncement, situé en face des croisées de la marquise et attenant à la vieille prison républicaine, un homme enveloppé d’un manteau, qui, après s’être montré un instant à la lueur des torches, sur le bord vertigineux de la descente, se précipite la tête la première dans le canal. Quelques minutes encore, et on l’aperçoit sur les dalles de marbre auprès de la marquise ; — il tient l’enfant qui respire encore. Alors, le manteau de l’étranger, tout ruisselant d’eau, se détache, tombe à ses pieds et révèle aux yeux des spectateurs surpris la gracieuse personne d’un très-jeune homme, dont le nom était pourtant célèbre dans la plupart des contrées de l’Europe.

Il ne prononça pas une parole. Mais la marquise ? Elle va saisir son enfant, le presser contre son sein, étreindre le petit corps, l’étouffer de caresses ? Erreur. Les bras d’une autre ont reçu le précieux fardeau, une autre l’emporte au loin dans le palais, sans que la mère y fasse attention. Regardez la marquise. Voyez trembler ses lèvres, ses lèvres adorables ; des larmes s’amassent dans ses yeux, ces yeux qui, comme l’acanthe de Pline, sont