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une théière humaine. La nôtre était en métal anglais et avait soin de se polir tous les matins avec un morceau de peau de daim et du blanc d’Espagne.

— Et puis, dit un grand monsieur, placé juste en face de moi, nous avons eu, — il n’y a pas si longtemps, — un individu qui se croyait un âne. Vous me direz que, métaphoriquement parlant, il ne se trompait pas. Un âne bien incommode ! On avait de la peine à le maintenir dans les bornes. Pendant plusieurs mois, il a voulu manger chaque matin une poignée de chardons ; mais on l’a bien vite eu guéri en affirmant avec insistance qu’il ne devait pas se nourrir d’autre chose. En outre, il lançait sans cesse des ruades… tenez, comme ceci…

— Monsieur de Kock, je vous prie de vous tenir tranquille ! interrompit une vieille dame qui se trouvait à côté de l’orateur. Veuillez garder vos ruades pour vous. Vous venez de chiffonner ma robe de brocart. Je vous demande un peu s’il est besoin de cette explication pratique ? Notre ami que voilà vous aurait bien sûr compris sans toutes ces démonstrations. D’honneur, vous êtes un aussi grand âne que celui que croyait représenter le pauvre homme en question. Mort de ma vie, vous jouez votre rôle avec un naturel !…

— Mille pardons, mademoiselle ! répliqua M. de Kock, ainsi interpellé. Mille pardons ! Je n’avais pas