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« Je ne vous présenterai pas encore mes malades, me dit-il. Pour un esprit impressionnable, c’est toujours là un spectacle plus ou moins douloureux ; et je ne veux pas gâter votre appétit. Nous dînerons. Je vous donnerai du veau à la Sainte-Ménéhould et des choux-fleurs au velouté, que nous arroserons d’un verre de clos Vougeot, — cela vous remontera les nerfs. »

À six heures, on annonça le dîner, et mon hôte me conduisit vers une grande salle à manger, où une nombreuse société se trouvait rassemblée — vingt-cinq à trente personnes environ. C’étaient, selon toute apparence, des gens de condition, évidemment fort bien élevés, quoique leur toilette, à mon goût, fût d’une richesse extravagante et rappelât un peu trop le luxe fastueux de la vieille cour. Je remarquai que les deux tiers au moins des convives appartenaient au beau sexe ; et la mise de beaucoup d’entre elles n’eût pas semblé de bon goût à une Parisienne de ce temps-là. Plusieurs de ces dames, par exemple, qui ne pouvaient avoir moins de soixante-dix ans, portaient une profusion de bijoux, tels que bagues, bracelets ou boucles d’oreille, et découvraient leurs poitrines et leurs bras d’une façon scandaleuse. Je m’aperçus aussi que la majorité des robes étaient mal faites, — ou plutôt qu’elles allaient fort mal à celles qui