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les prairies. Moros voit deux passants qui marchent à la hâte, et il les entend prononcer ces mots : « À présent il va mourir sur l’échafaud. »

La douleur lui donne un nouveau courage ; l’anxiété lui donne des ailes. Aux rayons du crépuscule, il voit briller de loin les remparts de Syracuse et de Philostrate ; le fidèle gardien de sa maison vient à lui et le regarde avec effroi.

« Éloigne-toi, tu ne peux plus sauver ton ami, car il va mourir ; sauve au moins ta propre vie ; d’heure en heure il attendait ton retour avec espoir, et les railleries du tyran ne pouvaient lui enlever sa ferme confiance.

- S’il est trop tard, si je ne puis le sauver, je veux que la mort me réunisse à lui : il ne faut pas que le tyran avide de sang puisse dire qu’un ami a manqué à la parole donnée à son ami : qu’il nous immole tous deux et qu’il croie à la fidélité. »

Le soleil a disparu derrière l’horizon. Le voyageur est à la porte de la ville, et voit au milieu de la foule ébahie l’échafaud déjà dressé. Déjà on y attache son ami, il fend la foule avec vigueur : « C’est moi, bourreau, s’écrie-t-il, c’est moi qu’il faut faire mourir ! c’est pour moi qu’il s’est mis en otage. »

Le peuple le regarde avec surprise. Les deux