Page:Poésies de Schiller.djvu/281

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sémélé.

Être tout-puissant ! Oh ! si tu pouvais aimer ! (Le jour reparaît.)

Jupiter.

Ah ! la fille de Cadmus demande à Jupiter si Jupiter peut aimer ! Dis un mot, et il abdique sa divinité ! il se fait de chair et d’os, simple mortel, pour être aimé.

Sémélé.

Jupiter ferait un tel sacrifice ?

Jupiter.

Parle : que veux-tu de plus ? Apollon lui-même avouait que c’était un bonheur d’être homme parmi les hommes.

Sémélé, (l’embrassant).

Ô Jupiter ! les femmes d’Épidaure se raillent de ta Sémélé : elles disent que c’est une folle enfant qui, chérie du maître des Dieux, ne peut rien obtenir de lui.

Jupiter.

Honte aux femmes d’Épidaure ! Demande, demande seulement, et, par le Styx dont les Dieux esclaves reconnaissent la puissance sans bornes, si Jupiter hésite, le Dieu doit à l’instant être anéanti.

Sémélé, (avec joie).

Je reconnais mon Jupiter : tu l’as juré, et le Styx t’a entendu ; permets donc que je ne t’embrasse jamais que comme…