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porte. Alors tu commenceras à pleurer ; il pourrait voir avec calme des géants se dresser devant lui, il pourrait voir sans crainte Typhon aux cent bras entassant dans sa colère montagne sur montagne, pour atteindre au trône du Dieu de l’Olympe ; mais les larmes de la beauté subjuguent Jupiter. Tu ris : l’écolière est-elle donc plus savante que le maître ? Tu le supplies alors de t’accorder une petite, très petite grâce, qui doit mettre le sceau à son amour et à sa divinité ; il le promet par le Styx, et par le Styx il est engagé, il ne peut plus manquer à sa parole. Tu lui dis qu’il ne recevra pas un de tes baisers, jusqu’à ce qu’il se montre à la fille de Cadmus dans tout l’éclat où le voit Junon. Ne te laisse pas effrayer, si, pour éloigner de toi ce désir, il te parle des flammes qui étincellent autour de lui, des foudres qui l’environnent. Ce sont de vains fantômes ; les Dieux peuvent ménager ces apparences si imposantes : persiste dans ta demande, et Junon même te regardera avec envie.

Sémélé.

La laide Junon, avec ses yeux de bœuf. Dans nos heures d’amour, il m’a souvent parlé des chagrins qu’elle lui cause par sa noire jalousie.

Junon, (en colère et à part).

Ah ! misérable ! la mort pour cette raillerie !

Sémélé.

Quoi ? Ma Béroé, que murmures-tu ?