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un spécimen des divers genres de poésie qui devaient occuper son cœur et son imagination tout le reste de sa vie, et les diverses pages de l’Anthologie s’adjoignirent, comme une guirlande de fleurs délicates et variées, à la couronne de fer qu’il venait de conquérir par son premier drame. Il n’avait mis au bas de ses compositions lyriques qu’une des dernières lettres de l’alphabet, un Y. Mais tout le monde sut bientôt que sous ce signe pseudonymique se cachait le nom de l’auteur déjà célèbre des Brigands.

Plusieurs années pourtant se passèrent sans que le poëte essayât de reprendre sa harpe d’argent dont il avait, du premier coup, comme un des fabuleux Stromkarl de Suède, tiré tant de fortes et suaves mélodies. D’une part, ses pensées, son ambition étaient naturellement, ou par l’effet d’une forte et première impulsion, plutôt dirigées vers les grands effets du théâtre que vers les tendres et molles expressions de l’ode et de l’élégie ; de l’autre, sa vie errante, sa fortune précaire, les douloureuses anxiétés qu’il eut à subir, le présent qui lui était si pénible, l’avenir qui devait lui paraître si sombre, tout ce triste fardeau d’une situation si imméritée et parfois si accablante, comprima, étouffa les vifs et confiants épanchements de