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s’élancent dans l’incommensurable domaine de la fantaisie. Cette Laura qui donnait un tel élan à l’imagination du poëte, était la veuve d’un capitaine de Manheim, chez laquelle demeurait Schiller, une petite femme aux allures vives, piquantes, qui ne brillait ni par sa beauté ni par son esprit, et ce portrait que nous a laissé d’elle un des amis de Schiller, contraste singulièrement avec les strophes enthousiastes que lui consacre son jeune adorateur. Mais quand l’âme du poëte sent vibrer en elle la fibre musicale, l’accent de la passion, il ne lui faut qu’un regard, une image, disons mieux, un prétexte pour prendre l’essor. Il embellit ce regard, il divinise cette image, il revêt d’une écharpe d’Iris ce prétexte vulgaire, et le bonheur qu’il éprouve à s’emparer ainsi comme un roi de l’humble sujet qu’il s’est choisi, à l’enrichir de tous les trésors de sa pensée, est sans doute l’un des plus charmants attributs, l’une des plus douces satisfactions de la faculté poétique.

On trouve encore dans cette Anthologie où nous aimons à chercher les premières lueurs du génie lyrique de Schiller, et dont il serait bien difficile aujourd’hui de se procurer un exemplaire, quelques sentences philosophiques, quelques