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Tantale habite dans ce roc ; les plaintes de Syrinx résonnent dans ces roseaux, et les douleurs de Philomèle dans ces arbustes. Chaque ruisseau recevait les larmes que Démétère répandait sur Perséphone ; et, du haut de sa colline, Cythérée rappelait, hélas ! en vain, son jeune bien-aimé.

Alors les êtres célestes descendaient encore parmi les races de Deucalion. Pour vaincre la fille de Pyrrha, Apollon prit la houlette de berger. L’amour établissait un doux lien entre les hommes, les Dieux, les héros, et tous rendaient hommage à la déesse d’Amathonte.

La gravité sombre, l’austère abstinence étaient bannies de votre joyeuse religion ; tous les cœurs devaient être heureux, car le mortel heureux était votre allié. Alors rien n’était sacré que le beau, le Dieu n’avait honte d’aucune joie, quand la pudique Thiémone, quand la Grâce ordonnait. Vos temples étaient riants comme des palais, les luttes des héros, les fêtes, les couronnes de l’isthme et les courses de chars étaient pour vous autant d’hommages. Autour de vos autels se formaient des danses vives, pleines d’expression ; les lauriers de la Victoire paraient votre front ; les couronnes s’élevaient sur votre tête parfumée.

Le thyrse joyeux d’Évoé, l’attelage de Panthéus annonçaient l’approche de celui qui apporte la gaieté.