Page:Poésies de Schiller.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.

citoyens des princes. Quant à la puissance de tes voiles, tu l’as conquise par des millions de mains avides dans les luttes navales. À qui la dois-tu ?… rougissez, peuples de la terre… à qui, si ce n’est à ton intelligence et à ton épée ? Malheureuse, regarde ces bouches d’airain enflammées, regarde et songe à ta chute. Le monde te contemple avec inquiétude, le cœur des hommes libres palpite, et toutes les nobles âmes prennent part au danger qui te menace.

Le Dieu tout-puissant voit flotter le pavillon de tes ennemis : il voit s’ouvrir ta tombe. « Faut-il donc, dit-il, que mon Albion périsse, que la race de mes héros s’éteigne et que la dernière digue de l’oppression et de la tyrannie soit anéantie sur la terre ? Non, jamais le paradis de la liberté, bouclier puissant de la dignité de l’homme, ne disparaîtra. » Le Dieu tout-puissant souffle sur la flotte invincible, et elle s’enfuit, dispersée de tous côtés.