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trouvât une voix pour me répondre ; jusqu’à ce qu’elle comprit les plaintes de mon cœur et me rendit les baisers de l’amour. Alors l’arbre, la rose vivaient pour moi ; la source limpide me chantait un chant harmonieux ; les êtres inanimés eux-mêmes s’associaient aux mouvements de ma vie.

Par une impulsion toute-puissante, l’universalité des choses dilatait mon esprit et l’entraînait vers la vie, vers l’action et la parole, vers l’image et l’harmonie. Que ce monde semblait grand, tant que le fruit que j’en attendais resta voilé ! Hélas ! quel faible germe en est sorti, quel pauvre fruit en est éclos !

Avec quel courage audacieux le jeune homme, dont nulle sollicitude n’arrêtait l’essor, s’élançait, dans l’illusion de ses rêves, sur les routes de la vie ! son vol l’emportait jusqu’aux astres les plus élevés. Il n’y avait rien de si éloigné, rien de si haut où son aile ne pût atteindre.

Comme il était légèrement porté vers le bonheur le plus difficile à obtenir ; comme il voyait se balancer devant lui le riant cortége de la vie ; l’amour avec ses douces faveurs, la fortune avec sa couronne d’or, la gloire avec son diadème étoilé, la vérité avec son éclat céleste !

Mais, hélas ! au milieu de la route, toutes ces