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LA FÊTE D’ÉLEUSIS.

Faites des guirlandes d’épis dorés ; tressez aussi les frais bluets. Que la joie anime chaque regard ; car voici venir la Déesse qui réprime les mœurs sauvages, qui rapproche l’homme de l’homme, qui a remplacé la tente mobile par des demeures stables et paisibles.

Le Troglodyte se cachait dans les grottes des montagnes ; le nomade laissait déserts les champs où il passait ; le chasseur traversait les campagnes avec l’arc et l’épieu, et malheur à l’étranger que les vagues jetaient sur le fatal rivage !

Cérès, en cherchant les traces de sa fille, vit ces contrées abandonnées. Là nul vallon ne verdissait, nul toit ne lui offrait l’hospitalité, et nul temple n’attestait que l’on rendît hommage aux Dieux.

On ne connaissait point les fruits de la moisson qui parent un festin. Sur des autels affreux on voyait se dessécher des ossements humains. Dans tous les lieux que la Déesse traversa elle ne vit que la misère, et elle gémit sur l’abaissement de la race humaine.