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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

donne le jour à une belle et noble famille. Elle brille entre toutes les femmes et une grâce divine est répandue autour d’elle. Elle ne se plaît pas, assise dans un cercle de femmes où se tiennent des conversations licencieuses. C’est Jupiter qui accorde aux hommes de telles femmes si excellentes et si sages.

Mais toutes les autres espèces que nous avons vues sont dues aussi à Jupiter et demeurent parmi les hommes. Car le plus grand fléau que Jupiter ait créé, ce sont les femmes. Quand elles paraissent être utiles à quelqu’un, alors surtout elles lui sont nuisibles. Il est impossible de passer tout un jour dans la joie à celui qui le passe avec une femme. C’est avec peine qu’il repoussera de son foyer la faim, cette divinité cruelle, la plus triste des compagnes. Quand, dans sa maison, l’homme paraît avoir le cœur tout plein d’une joie que lui ont donnée les dieux ou les hommes, la femme, inventant quelque sujet de querelle, se prépare à la lutte. Partout où il y a une maison, jamais hôte ne peut y être bien reçu. Celle qui a l’air d’être la plus raisonnable de toutes est encore la plus dangereuse. Elle se joue de la confiance de son mari, et les voisins rient de le voir trompé. Chacun de nous loue sa propre femme et critique celle d’autrui. Nous ne reconnaissons pas que nous sommes également partagés. C’est le plus grand des fléaux que Jupiter nous ait donnés, c’est une entrave indestructible dans laquelle il nous a enchaînés. Il est descendu aux enfers beaucoup d’hommes auxquels les femmes avaient mis les armes à la main.