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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

L’homme qui les conduira aura quarante ans ; il se sera rassasié, avant de partir, d’un pain partagé en quatre compartiments, en huit portions, et fera son unique affaire de tracer droit son sillon, sans chercher de côté et d’autre s’il aperçoit quelque connaissance, le cœur tout entier à son ouvrage. Un plus jeune serviteur ne saurait pas aussi bien jeter la semence avec égalité, éviter de la répandre deux fois au même lieu. Les jeunes gens ont toujours en la pensée leurs compagnons, les amis de leur âge.

Sois attentif au cri que, tous les ans, pousse la grue du haut du ciel. C’est le signal du labourage ; c’est l’annonce du brumeux hiver ; il pénètre, il déchire le cœur de l’homme qui n’a point de bœufs. Aie donc soin, à cette époque, d’en nourrir dans ta maison qui t’appartiennent. Il est aisé de dire : Prêtez-moi un attelage et un charriot ; il ne l’est pas moins de répondre : Mes bœufs sont occupés. Un homme, qui se croit bien riche, se promet alors de se fabriquer un charriot ; insensé, qui ne sait pas qu’un charriot se compose de cent pièces, qu’il faut avoir rassemblées d’avance !

Aussitôt que brillera pour les mortels le jour du dernier labourage, mettez-vous à l’œuvre, serviteurs et maître, et retournez la terre sèche, la terre humide, mettant à profit la saison convenable, vous hâtant dès l’aurore, afin que vos champs regorgent de moissons. (Le guéret que tu auras ouvert au printemps, si tu le renouvelles en été, ne trompera point ton espoir.)

Aie soin de l’ensemencer, lorsqu’il est nouveau encore, que la glèbe y est légère. (C’est là un charme puissant pour conjurer les imprécations, apaiser les cris de tes enfants.)