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LES TRAVAUX ET LES JOURS
POÈME D’HÉSIODE
TRADUIT PAR M. PATIN
de l’Académie française





Venez de la Piérie, Muses qui dispensez la louange ; venez, célébrez dans vos chants Jupiter, qui vous donna le jour. Par lui, par la volonté de Jupiter, sont tous les mortels, grands et petits, célèbres et ignorés. À son gré donne la force ou la retire, ternit la gloire ou tire de l’obscurité, redresse les voies tortueuses du méchant, met en poudre le superbe, Jupiter, qui tonne au haut des cieux, qui habite les régions supérieures. Or toi, écoute, ouvre tes yeux et tes oreilles, et rends tes sentences selon la justice ; moi, je vais te faire entendre, ô Persès, les conseils de la vérité.

Il est plus d’une sorte de rivalité : on en voit deux ici-bas ; l’une, que veut approuver le sage, l’autre qu’il doit condamner ; elles ont en effet des caractères tout opposés. Celle-ci entretient parmi nous la discorde, la triste guerre ; rivalité cruelle, que n’aime aucun des mortels, mais à laquelle (sous le nom d’Éris) la nécessité et la volonté des dieux les forcent de rendre hommage, tout importune qu’elle est. Celle-là naquit la première, engendrée par la Nuit obscure ; le fils de Saturne, le dieu suprême, qui siège dans

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