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de Chalcis et Duris de Samos, assurent tous que cette visite est une pure fable : Alexandre lui-même semble autoriser leur sentiment dans une de ses lettres à Antipater, qui contenait un récit exact de tout ce qui s’était passé dans cette expédition ; il lui dit que le roi des Scythes lui avait offert sa fille en mariage, mais il ne dit pas un mot de l’Amazone. On ajoute que, plusieurs années après, Onésicritus lisant à Lysimaque, qui était déjà roi, le quatrième livre de son Histoire d’Alexandre, dans lequel il racontait la visite de l’Amazone, Lysimaque lui dit en souriant : « Et moi, où étais-je donc alors ? » Au reste, qu’on croie ce fait ou qu’on le rejette, on n’en aura ni plus ni moins d’admiration pour Alexandre.

LXII. Comme il craignait que les Macédoniens n’eussent pas le courage de le suivre dans ce qui lui restait à faire de son expédition, il laissa dans le pays la plus grande partie de son armée ; et, avec l’élite de ses troupes, qui montaient à vingt mille hommes de pied et à trois mille chevaux, il se jeta dans l’Hyrcanie. Mais avant le départ il leur représenta que jusqu’alors les Barbares ne les avaient, pour ainsi dire, vus qu’en songe ; que si, contents d’avoir jeté l’alarme dans l’Asie, ils s’en retournaient en Macédoine, les mêmes Barbares tomberaient sur eux