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sa mauvaise humeur. Antipater lui ayant écrit une longue lettre contre Olympias, il dit, après l’avoir lue : « Antipater ne sait pas que dix mille lettres pareilles sont effacées par une larme d’une mère. »

LV. Il voyait ses courtisans, livrés à un luxe excessif, mener la vie la plus voluptueuse et la plus recherchée. Agnon de Téos avait des clous d’argent à ses pantoufles ; Léonatus faisait venir, sur plusieurs chameaux, de la poussière d’Égypte, pour s’en servir à ses exercices ; Philotas avait pour la chasse des toiles qui embrassaient un espace de cent stades ; le plus grand nombre d’entre eux employait, pour les bains et les étuves, les essences les plus précieuses, et très peu se servaient d’huile ; ils traînaient à leur suite des troupes de baigneurs et de valets de chambre pour faire leurs lits. Il les en reprit avec autant de douceur que de sagesse. « Je m’étonne, leur dit-il, qu’après avoir livré tant et de si grands combats, vous ayez oublié que ceux qui se sont fatigués dorment d’un sommeil plus doux que ceux qui vivent dans l’inaction. Ne voyez-vous pas, en comparant votre genre de vie avec celui des Perses, que rien n’est plus servile que de vivre dans le