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promptement et qu’il ordonna de l’éteindre.

LIII. Alexandre, né généreux, donna toujours avec plus de libéralité, à mesure que sa puissance et ses richesses augmentèrent ; il accompagnait ses présents de ces témoignages de bienveillance qui seuls font le véritable prix du bienfait : j’en rapporterai quelques exemples. Ariston, qui commandait les Péoniens, ayant tué un ennemi, en apporta la tête aux pieds du roi, en lui disant : « Seigneur, cette sorte de présent est récompensée parmi nous d’une coupe d’or. — Oui, d’une coupe vide, repartit Alexandre ; mais moi, je vous la donne pleine de vin, et je vous porte la santé. » Un Macédonien qui conduisait un mulet chargé de l’or du roi, voyant cet animal si fatigué, qu’il ne pouvait plus se soutenir, mit la charge sur son dos ; Alexandre, qui le vit plier sous le poids, et prêt à jeter le fardeau, apprenant ce qu’il avait fait : « Mon ami, lui dit-il, ne te fatigue pas plus qu’il ne faut ; fais seulement en sorte de porter cet argent jusque chez toi, car je te le donne. » En général, il savait plus mauvais gré à ceux qui refusaient ses présents, qu’à