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rien ne peut la surmonter. » Le jeune homme s’offrit volontiers pour faire cette épreuve ; et à peine il eut été frotté de naphte, à peine cette matière eut touché son corps, qu’il fut environné de flammes et qu’il parut tout en feu. Alexandre en eut une frayeur extrême ; et si, par bonheur, il ne s’était pas trouvé là plusieurs garçons de service, qui avaient sous la main des vases pleins d’eau pour le bain du roi, le secours n’aurait pu prévenir la rapidité de la flamme, ni empêcher que Stéphanus ne fût entièrement brûlé. Encore eut-on beaucoup de peine à éteindre le feu qui avait gagné tout son corps ; et ce jeune homme en fut malade le reste de sa vie.

L. Ce n’est donc pas sans vraisemblance que quelques auteurs, voulant ramener la fable à la vérité, prétendent que le naphte est la drogue dont Médée se servit pour frotter la couronne et le voile dont il est si fort question dans les tragédies ; car le feu n’en sortit pas naturellement et de lui-même ; mais, dès qu’on en eut approché la flamme, par une sorte d’attraction elle s’y communiqua avec tant de rapidité, que l’œil pouvait à peine l’apercevoir. Quand les rayons du feu et ses émanations partent de loin, les corps qu’ils touchent ne reçoivent que la lumière et la chaleur ; mais, quand