Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/521

Cette page n’a pas encore été corrigée

endormi et donnèrent d’eux-mêmes aux troupes l’ordre de prendre leur repas. Enfin, comme le temps pressait, Parménion entra, et, s’étant approché de son lit, il l’appela deux ou trois fois par son nom ; et, après l’avoir réveillé, il lui demanda comment il pouvait dormir si tard, comme s’il avait déjà vaincu, et qu’il ne fût pas sur le point de donner la plus grande bataille qu’il eût jamais livrée. « Eh ! quoi, lui répondit Alexandre en souriant, ne regardez-vous pas déjà comme une victoire de n’avoir plus à courir de côté et d’autre à la poursuite de Darius, comme lorsqu’il fuyait à travers de vastes campagnes qu’il ravageait sous nos yeux ? »

XLV. Cette grandeur d’âme qu’il fit paraître avant le combat n’éclata pas moins au fort du danger, où sa présence d’esprit et sa confiance ne se démentirent point. La victoire fut quelque temps douteuse à l’aile gauche, que Parménion commandait : chargée par la cavalerie des Bactriens avec autant d’impétuosité que de violence, elle fut ébranlée et lâcha le pied. D’un autre côté, Mazéus, ayant détaché du corps de l’armée un certain nombre de gens de cheval pour aller prendre par derrière ceux qui gardaient les bagages, Parménion, troublé de cette double attaque, dépêche promptement à