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Perses de sa valeur. L’eunuque ajouta à ce discours des serments horribles et lui rapporta plusieurs autres traits de la tempérance et de la grandeur d’âme d’Alexandre. Alors Darius, allant retrouver ses courtisans, leva les mains au ciel et fit aux dieux cette prière : « Dieux qui présidez à la naissance des hommes et à la destinée des empires, accordez-moi la grâce de voir rétablir la fortune des Perses et de la transmettre à mes successeurs aussi brillante que je l’ai reçue, afin qu’après avoir triomphé de mes ennemis, je puisse reconnaître les bienfaits dont Alexandre m’a comblé dans mon malheur, par sa conduite envers les personnes qui me sont les plus chères. Mais si le temps marqué par les destins est enfin arrivé ; s’il faut que la vengeance céleste on la vicissitude des choses humaines mette fin à l’empire des Perses, ne permettez pas qu’un autre qu’Alexandre soit assis sur le trône de Cyrus. » Tel est le récit de la plupart des historiens.

XLIII. Alexandre, s’étant rendu maître de tous les pays situés en-deçà de l’Euphrate, alla au-devant de Darius, qui venait à lui avec une armée d’un million de combattants. Pendant sa marche, un de ses courtisans lui raconta, comme une plaisanterie qui pouvait l’amuser, que les valets de l’armée, voulant se divertir, s’étaient