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lui fit dire qu’il n’avait aucun besoin de tous ces gens-là, que son gouverneur Léonidas lui en avait donné de bien meilleurs : l’un pour le dîner, c’était une promenade avant le jour ; et l’autre pour le souper, un dîner frugal. « Ce gouverneur, ajouta-t-il, allait souvent visiter les coffres où l’on serrait mes lits et mes vêtements, pour voir si ma mère n’y avait rien mis de mou ou de superflu. » Il fut aussi moins sujet au vin qu’on ne l’a cru ; il en eut la réputation, parce qu’il restait longtemps à table, mais c’était moins pour boire que pour discourir. Chaque fois qu’il buvait il proposait quelque question à traiter d’une assez longue étendue, et ne prolongeait ainsi ses repas que lorsqu’il avait beaucoup de loisir. Mais quand il fallait s’occuper des affaires, jamais ni le vin, ni le sommeil, ni le jeu, ni l’amour même le plus légitime, ni le plus beau spectacle, rien enfin ne pouvait le retenir et lui enlever un temps précieux, comme il est arrivé à tant d’autres capitaines. La première preuve qu’on peut en donner, c’est sa vie même, qui, malgré sa courte durée, fut remplie des actions les plus glorieuses. Dans ses jours de loisir, il sacrifiait aux dieux dès qu’il était levé ; il dînait ensuite toujours assis et passait le reste du jour à chasser, à juger les différends qui survenaient