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Exige plus d’un frein et plus d’un gouvernail ;

il appela auprès de lui Aristote, le plus savant et le plus célèbre des philosophes de son temps, et lui donna, pour prix de cette éducation, la récompense la plus flatteuse et la plus honorable. Il rétablit la ville de Stagire, patrie de ce philosophe, qu’il avait lui-même ruinée, et la repeupla en y rappelant ses habitants qui s’étaient enfuis, ou qui avaient été réduits en esclavage. Il assigna, pour les études et les exercices de son fils, un lieu appelé Nymphéum, près de Miéza, où l’on montre encore des bancs de pierre qu’Aristote y avait fait placer, et des allées couvertes pour se promener à l’ombre. Il paraît qu’Alexandre apprit de ce philosophe, non seulement la morale et la politique, mais encore les sciences plus secrètes et plus profondes, que ses disciples appelaient particulièrement acroamatiques et époptiques, et qu’ils avaient soin de cacher au vulgaire.

Alexandre, après qu’il fut passé en Asie, ayant appris qu’Aristote avait publié des ouvrages où il traitait de ces sciences, lui écrivit une lettre pleine de liberté, dans laquelle il se plaignait au nom de la philosophie, qui était conçue en ces termes : « Alexandre à Aristote, salut. Je n’approuve pas que vous ayez donné au public