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que des Espagnols et des Lusitaniens ! » La plupart des officiers, remplis de ces propos, mais craignant la puissance de Sertorius, et n’osant pas en venir à une rébellion ouverte, ruinaient en secret ses affaires ; ils maltraitaient les Barbares, ils leur infligeaient les punitions les plus rigoureuses ; ils les accablaient d’impôts, et tout cela au nom de Sertorius. De là des séditions et des révoltes dans les villes : ceux qu’il y envoyait pour les apaiser, et pour adoucir les esprits, multipliaient partout les soulèvements, et répandaient de plus en plus le feu de la sédition. Sertorius, poussé à bout, démentit alors la douceur et la bonté qu’il avait toujours montrées, et se rendit coupable de la plus horrible injustice envers les jeunes gens qu’il faisait élever dans la ville d’Osca : il fit mourir les uns et vendre les autres.

XXIX. Perpenna, qui déjà s’était donné plusieurs complices de la conjuration qu’il tramait, y fit entrer aussi Manlius, l’un des principaux officiers de Sertorius. Ce Manlius était très attaché à un jeune garçon, et pour lui montrer jusqu’où allait son amitié, il lui fit part de la conspiration, et lui conseilla de laisser tous ses rivaux, pour ne s’attacher qu’à lui ; qu’il le verrait dans peu de jours élevé à une très grande puissance. Ce jeune homme, qui avait plus d’inclination