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même, dit-on, qu’on lui mît des couronnes sur la tête, qu’on lui donnât des festins somptueux, où, pendant qu’il était à table, vêtu d’une robe triomphale, on faisait descendre du plancher, par le moyen des machines, des figures de la Victoire, qui portaient dans leurs mains des trophées d’or et des couronnes, où enfin des chours de jeunes garçons et de jeunes filles chantaient à sa louange des hymnes de triomphe : vanité ridicule, d’être ainsi enflé d’orgueil et ivre de joie pour avoir battu dans une retraite celui qu’il appelait le fugitif de Sylla, le reste de la défaite de Carbon. Quelle différence de cette conduite avec la magnanimité de Sertorius ! Il avait donné le nom de sénat aux sénateurs qui s’étaient réfugiés de Rome dans son camp ; il prenait parmi eux ses questeurs et ses lieutenants, et se conformait en tout aux lois et aux coutumes des Romains. Quoiqu’il fît la guerre avec les troupes et l’argent des villes d’Espagne, il ne céda jamais aux Espagnols, même de paroles, aucune part à l’autorité souveraine, et leur donna toujours des Romains pour gouverneurs et pour capitaines ; il ne s’était proposé que de rendre la liberté aux Romains, et non d’accroître, au préjudice des Romains, la puissance des Espagnols.

XXV. Car il aimait tendrement sa patrie, et