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non par un mouvement de colère ou de cruauté (c’était de tous les généraux celui qui se livrait le moins à son ressentiment), mais pour couvrir de honte et de confusion les admirateurs de Pompée, et faire dire parmi les Barbares que ce général, à la tête de son armée, s’était presque chauffé à l’incendie d’une ville alliée, sans lui donner aucun secours.

XXI. Cependant Sertorius reçut plusieurs échecs dans cette guerre, non pas en personne, car il fut toujours invincible, ainsi que les troupes qu’il commandait ; mais ses lieutenants furent souvent battus. Il est vrai que la manière dont il réparait leurs défaites le rendait plus admirable que les généraux vainqueurs, comme il parut dans la bataille de Sucron contre Pompée seul, et dans celle de Tuttia contre Pompée et Métellus réunis. L’affaire de Sucron n’eut lieu, dit-on, que par l’empressement qu’avait Pompée de combattre avant que Métellus vînt partager l’honneur de la victoire. Sertorius désirait aussi d’en venir aux mains avec Pompée, avant l’arrivée de Métellus. Il se mit donc en bataille vers le soir, dans la pensée que les ennemis, qui, étrangers dans ce pays, ne connaissaient pas bien les lieux, seraient arrêtés par les ténèbres, et ne pourraient ni fuir, s’ils étaient battus, ni poursuivre les