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l'autre pour empêcher l'ennemi de s'y poster. Sertorius y arriva le premier, et Pompée fit arrêter ses troupes ; fort aise que la chose eût ainsi tourné, parce qu'il crut tenir Sertorius assiégé entre la ville et son armée. Il fit même dire aux habitants de Lauron de ne rien craindre, et de se tenir tranquilles sur leurs murailles, d'où ils verraient Sertorius assiégé. Ce général, ayant su le propos de Pompée, ne fit qu'en rire, et dit que cet écolier de Sylla (car c'est ainsi qu'il appelait Pompée par dérision) allait bientôt apprendre qu'un général doit plutôt regarder derrière soi que devant. En même temps il fait voir aux assiégés que dans les premiers retranchements, d'où il était parti pour aller s'emparer de la colline, il avait laissé six mille hommes d'infanterie, en leur donnant l'ordre de charger Pompée en queue, lorsqu'il viendrait l'attaquer. Pompée, qui s'en aperçut trop tard, n'osait marcher contre lui, de peur d'être enveloppé ; d'un autre côté il avait honte d'abandonner les assiégés dans le danger extrême où ils se trouvaient. Il les vit enfin succomber forcément sous ses yeux sans pouvoir les défendre ; car les Barbares, ne voyant aucun espoir de secours, se rendirent à Sertorius, qui leur fit grâce de la vie, et leur laissa la liberté d'aller où ils voudraient ; mais il brûla leur ville,