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qu'à une armée régulière. Mais après que Pompée eut franchi les Pyrénées, et que Sertorius se fut campé auprès de lui, ces deux généraux ayant déployé l'un contre l'autre tout ce qu'ils purent imaginer de ruses militaires, Sertorius parut supérieur à Pompée, soit pour parer les coups de son adversaire, soit pour lui en porter de plus sûrs ; et sa réputation fut portée rapidement jusqu'à Rome, où il passa pour le général le plus habile, le plus versé dans la science militaire ; non que Pompée n'eût qu'une gloire médiocre, elle brillait, au contraire, du plus grand éclat depuis que les exploits qu'il avait faits sous Sylla lui avaient mérité de la part de ce général le surnom de Grand, et lui avaient fait obtenir, dès sa première jeunesse, les honneurs du triomphe. Aussi plusieurs des villes d'Espagne soumises à Sertorius, qui, en voyant arriver Pompée, avaient jeté les yeux sur lui et pensaient à embrasser son parti, changèrent-elles de sentiment après, ce qui arriva devant les murs de Lauron contre l'attente de tout le monde. Sertorius en faisait le siège, et Pompée était venu avec toute son armée au secours de la place. Il y avait près des murailles une colline très avantageusement située pour incommoder les assiégés. Sertorius et Pompée y coururent, l'un pour s'en saisir,