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trop de précipitation dans les affaires. » C’est par de semblables apologues que Sertorius rassurait ses soldats, et leur enseignait à attendre les occasions.

XIX. Mais aucun de ses exploits ne fut plus admiré que le stratagème dont il usa contre les Characitaniens ; ce peuple, qui habite au delà du Tage, ne demeure ni dans des villes ni dans des bourgs ; il fait son séjour sur un très grand coteau fort élevé, rempli de cavernes et d’antres profonds, dont les ouvertures sont tournées vers le nord. Toute la campagne que ce coteau domine ne produit qu’une boue argileuse ; qu’une terre si légère et si friable, qu’on peut à peine s’y soutenir, et que, pour peu qu’on y touche, elle se réduit en une poussière très fine, comme ferait la chaux ou la cendre. Quand la crainte de quelque ennemi les oblige de se renfermer dans ces cavernes avec le butin qu’ils ont fait, ils s’y tiennent tranquilles, comme dans une retraite où ils ne craignent pas d’être forcés. Sertorius, qui s’était éloigné de Métellus, campait au pied de ce coteau ; les Barbares, s’imaginant qu’il avait été battu, lui témoignèrent beaucoup de mépris : Sertorius, soit par colère, soit pour montrer qu’il ne fuyait pas, monte le lendemain à cheval dès le point du jour, et va reconnaître le coteau ; il n’y voit aucun