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faire des tuniques et des manteaux brodés, leur fournissait tout ce qui leur était nécessaire pour cela, les piquait même d’émulation par son exemple, et leur inspirait ainsi le plus vif intérêt pour sa personne. Mais rien ne gagna tant leur affection que ce qu’il fit pour leurs enfants. Dans toutes les nations soumises à son autorité, il prit ceux des premières familles, qu’il rassembla dans Osca(12), ville considérable du pays, et leur donna des maîtres pour les instruire dans les lettres grecques et romaines. C’était réellement autant d’otages qu’il se donnait de la fidélité de ces peuples ; mais il ne montrait que le désir de les former, de les rendre capables, dans un âge plus avancé, d’être employés aux affaires et élevés aux charges. Les pères étaient ravis de voir leurs enfants, vêtus de robes bordées de pourpre, se rendre aux écoles avec décence, et Sertorius payer toute la dépense de leur éducation, les examiner souvent lui-même, distribuer des récompenses à ceux qui se distinguaient, et leur donner de ces ornements d’or que les Romains suspendent au cou de leurs enfants, et qu’ils appellent bulles. C’était un usage en Espagne, que le général fût entouré d’un certain nombre de guerriers qui se dévouaient à mourir avec lui, s’il venait à être tué ; chez les Barbares, ce dévouement s’ap-