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aux habitants, de faire sortir les bouches inutiles, afin que l’eau pût suffire à ceux qui la défendaient. Métellus, dont les soldats avaient déjà consumé leurs provisions, fut vivement affecté du succès de ce stratagème, et envoya un de ses officiers, nommé Aquinus, avec six mille hommes, pour lui amener des vivres. Sertorius, en étant informé, dresse une embuscade sur le chemin par où cet officier devait passer ; il cache dans un ravin profond et couvert de bois trois mille hommes, qui à son retour le chargent en queue, tandis que Sertorius lui-même l’attaque de front, le met en fuite, lui tue une grande partie de son détachement, et fait prisonniers la plupart des autres. Aquinus, après avoir perdu ses armes et son cheval, se sauva dans le camp de Métellus, qui, obligé de lever honteusement le siège, fut encore bafoué par les Espagnols.

XVI. Ces exploits concilièrent à Sertorius l’admiration et l’amitié des Barbares ; ils étaient ravis surtout qu’il leur eût ôté leur manière sauvage et brutale de combattre, et qu’en leur faisant adopter l’armure et l’ordonnance romaines, en les accoutumant à prendre le mot du combat, il eût fait d’une multitude de brigands un corps de troupes bien discipliné ; il leur prodiguait d’ailleurs l’or et l’argent, pour orner leurs boucliers et leurs casques ; il les invitait à se