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tenant lui-même assiégé, il le réduisait à la plus extrême disette. Enfin, les soldats romains, désespérés, voulurent obliger Métellus d’accepter le défi d’un combat singulier que lui avait fait Sertorius ; ils disaient qu’il devait combattre général contre général, Romain contre Romain. Et comme Métellus s’y refusa, ils se permirent, sur son compte, beaucoup de plaisanteries. Mais il s’en moqua, et il eut raison ; car un général, dit Théophraste, doit mourir en capitaine, et non pas en soldat.

XV. Métellus voyant que les Langobrites(11), qui rendaient de grands services à Sertorius, pouvaient être facilement pris par la soif, parce qu’ils n’avaient qu’un puits dans la ville, et que celui qui l’assiégerait serait maître des sources que les habitants avaient dans les faubourgs et au pied des murailles, résolut d’en faire le siège, persuadé que la disette d’eau la lui livrerait en deux jours ; il ne fit donc prendre à ses soldats des vivres que pour cinq jours. Sertorius, se hâtant de les secourir, fait remplir d’eau deux mille outres, et promet pour chaque outre une somme d’argent. Plusieurs de ses soldats, tant espagnols que maurusiens, s’étant offerts pour cette commission, il choisit les plus vigoureux et les plus agiles, les envoie par la montagne, avec ordre, après avoir livré les outres