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que son fils s'était sauvé de Rome avec Céthégus, et qu'ils étaient allés à la cour d'Hiempsal, roi de Numidie, pour implorer son secours. Encouragé par cette nouvelle favorable, il osa partir de Méninge pour aller à Carthage. L'Afrique avait alors un gouverneur romain, nommé Sextilius. Marius, qui ne lui avait jamais fait ni bien ni mal, espérait que la compassion seule lui en ferait obtenir quelques secours. Mais à peine il fut descendu avec un petit nombre des siens, qu'un licteur de Sextilius vint à sa rencontre, et s'arrêtant devant lui : « Marius, lui dit-il, Sextilius vous fait dire de ne pas mettre le pied en Afrique, si vous ne voulez pas qu'il exécute contre vous les décrets du sénat, et qu'il vous traite en ennemi de Rome. » Cette défense accabla Marius d'une tristesse et d'une douleur si profondes, qu'il n'eut pas la force de répondre, et qu'il garda longtemps le silence, en jetant sur l'officier des regards terribles. Le licteur lui ayant enfin demandé ce qu'il le chargeait de dire au gouverneur : « Dis-lui, répondit Marius en poussant un profond soupir, que tu as vu Marius assis sur les ruines de Carthage » : paroles d'un grand sens, qui mettaient sous les yeux de Sextilius la fortune