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s'étaient sauvés de la défaite s'étant joints à eux, ils poussèrent toute la nuit des cris horribles, qui ressemblaient non à des plaintes ou à des gémissements humains, mais à des hurlements, à des mugissements de bêtes féroces, mêlés de menaces et de lamentations ; les cris de cette multitude immense faisaient retentir les montagnes voisines et les concavités du fleuve. Ce bruit affreux remplissait toute la plaine ; les Romains étaient saisis de terreur, et Marius lui-même, frappé d'étonnement, s'attendait à un combat de nuit, dont il craignait le désordre. Mais ils ne sortirent de leur camp, ni cette nuit, ni le jour du lendemain : ils les employèrent à se préparer et à se disposer pour la bataille. Cependant Marius, sachant qu'au-dessus du camp des Barbares il y avait des creux assez profonds et des vallons couverts de bois, y envoya Marcellus avec trois mille hommes de pied, pour s'y mettre en embuscade, et charger les ennemis par derrière, quand l'action serait engagée. Il ordonna au reste de ses troupes de prendre leur repas de bonne heure, et ensuite de se reposer. Le lendemain, dès la pointe du jour, il les range en bataille devant les retranchements, et envoie sa cavalerie dans la plaine. Dès que les Teutons l'eurent aperçue, ils n'attendirent pas que les Romains fussent descendus