Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/35

Cette page n’a pas encore été corrigée

et leurs mulets, pour voir si chacun les tenait en bon état et toujours prêts à servir, Marius amena son cheval qu'il pansait lui-même, et qui était très bien tenu, ainsi que son mulet, qui par son embonpoint, sa force et sa douceur, effaçait tous les autres mulets de l'armée. Le général, charmé de l'état où il voyait les bêtes de service de Marius et en ayant depuis souvent parlé, il passa en proverbe de dire, pour louer avec raillerie un homme laborieux, assidu et patient au travail, que c'était un mulet de Marius.

15. Il semble que dans cette occasion ce fut pour Marius une grande faveur de la fortune que les Barbares, par une sorte de reflux, aillent d'abord inonder l'Espagne : ce retard lui donna le temps d'exercer ses soldats, de leur inspirer du courage et de l'audace : et, ce qui était encore plus important, de leur apprendre à connaître leur général. Sa dureté dans le commandement, sa rigueur inflexible dans les punitions, une fois qu'ils eurent pris l'habitude d'obéir et de ne plus manquer à leur devoir, leur parurent également justes et salutaires. Quand ils eurent vécu quelque temps avec lui, ils virent que sa colère et ses emportements, l'âpreté de sa voix, l'air farouche de son visage, n'étaient plus redoutables pour eux, et ne le seraient