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aux plus affreuses extrémités. Pendant que le médimne de blé s’y vendait mille drachmes, que les habitants n’avaient d’autre nourriture que les herbes qui croissalent autour de la citadelle, le cuir des souliers et des vases à tenir l’huile, qu’ils faisaient bouillir, Ariston, plongé dans les débauches et dans les festins, passait les jours et les nuits à danser, à rire, à railler les ennemis. Il vit avec indifférence la lampe sacrée de la déesse s’éteindre faute d’huile ; et la grande-prêtresse lui ayant fait demander une demi-mesure de blé, il lui en envoya une de poivre. Quand les sénateurs et les prêtres vinrent le supplier d’avoir pitié de la ville, et de proposer à Sylla une capitulation, il les fit écarter à coups de traits. Ce ne fut qu’à la dernière extrémité qu’il se détermina, avec beaucoup de peine, à faire porter à Sylla des propositions de paix par deux ou trois compagnons de ses débauches, qui, au lieu de parler pour le salut de la ville, ne firent dans leurs discours que louer Thésée et Eumolpe, et vanter les exploits des Athéniens contre les Mèdes. « Grands orateurs, leur dit Sylla, allez-vous-en avec tous vos beaux discours. Les Romains ne m’ont pas envoyé à Athènes