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que, s’il était forcé de s’en servir, il leur en rendrait la valeur après la guerre. Il leur envoya un Phocéen de ses amis, nommé Caphys, avec ordre de peser tout ce qu’il prendrait. Caphys, arrivé à Delphes, n’osait toucher à ces dépôts sacrés ; et, pressé par les amphictyons de les respecter, il déplora, fondant en larmes, la nécessité qui lui était imposée. Quelques-uns de ceux qui étaient présents lui ayant dit qu’ils entendaient, du fond du sanctuaire, la lyre d’Apollon, Caphys, soit qu’il le crût réellement, soit qu’il voulût imprimer dans l’âme de Sylla une crainte religieuse, lui écrivit pour l’en avertir. Sylla se moqua de lui dans sa réponse, et lui témoigna son étonnement de ce qu’il n’avait pas compris que le chant était un signe de joie, et non pas de colère. « C’est une preuve, ajoutait-il, que le dieu voit avec plaisir enlever ces richesses, et qu’il en fait lui-même présent : ainsi vous pouvez tout prendre sans crainte. » On eut soin de cacher au peuple l’envoi de ces trésors : seulement un tonneau d’argent massif, reste des offrandes des rois, n’ayant pu être transporté sur aucune voiture, à cause de sa grosseur et de son poids, les amphictyons furent obligés de le mettre en pièces ; ce qu’ils ne purent tenir caché. Ce sacrilège fit ressouvenir les Grecs de