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Cependant Marius, qui avait été repoussé jusqu’au temple de la Terre, fit une proclamation pour appeler à la liberté tous les esclaves qui se joindraient à lui ; mais ses ennemis, étant survenus, le pressèrent si vivement, qu’il fut obligé de s’enfuir avec précipitation.

X. Sylla assemble le sénat, et fait porter un décret de mort contre Marius et quelques autres, au nombre desquels était le tribun Sulpicius, qui, trahi par un de ses esclaves, fut tout de suite égorgé. Sylla donna la liberté à cet esclave, et le fit précipiter ensuite de la roche Tarpéienne. Il mit à prix la tête de Marius, acte d’ingratitude aussi contraire à l’humanité qu’à la politique : car, peu de jours auparavant, forcé de se livrer à lui, en cherchant un asyle dans sa maison, Marius l’avait laissé aller. Si, au lieu de le relâcher, il l’eût abandonné à Sulpicius, qui voulait le massacrer, Marius se rendait maître de Rome : il l’avait cependant renvoyé ; et Sylla, peu de jours après, ayant le même avantage sur Marius, n’use pas envers lui de la même générosité. Cette conduite blessa vivement le sénat, qui dissimula ses sentiments ; mais le peuple lui donna des marques sensibles de son mécontentement et de son indignation. Il rejeta avec des marques de mépris Nonius, neveu de Sylla, et Servius, un de ses amis, qui, s’appuyant sur sa