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de lui accorder tout ce qu’il demanderait de raisonnable. Il y consentit ; et, ayant promis de camper dans ce lieu-là même, il ordonna aux capitaines de marquer, selon l’usage, les quartiers du camp. Les députés s’en retournérent pleins de confiance ; mais ils ne furent pas plus tôt partis, qu’il envoya Lucius Basillus et Caïus Muminius se saisir de la porte et des murailles qui étaient près du mont Esquilin ; il les suivit lui-même en toute diligence. Basillus s’empare de la porte et entre dans la ville. Les habitants, qui étaient sans armes, montent sur les toits des maisons, et font pleuvoir sur lui une grêle de tuiles et de pierres qui l’empêchent d’avancer, et le repoussent même jusqu’au pied des murailles. Sylla survient en ce moment, et, voyant ce qui se passe, il crie à ses soldats de mettre le feu aux maisons, et, lui-même prenant une torche allumée, il marche le premier, et ordonne à ses archers de lancer sur les toits leurs traits enflammés. C’est ainsi que, sourd à la raison, n’écoutant que sa passion et se laissant maîtriser par la colère, il ne voyait dans la ville que ses ennemis ; et, sans aucun égard pour ses amis, ses alliés et ses proches, sans aucune distinction de l’innocent et du coupable, il s’ouvrait un chemin dans Rome par le fer et par la flamme.