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table, il ne fallait plus lui parler d’affaires sérieuses : partout ailleurs plein d’activité, sombre et sévère, une fois qu’il s’était livré à ces sociétés de débauche, il devenait si différent de lui-même, qu’il vivait dans la plus intime familiarité avec ces comédiens et ces farceurs, qui trouvaient en lui une complaisance extrême, et le gouvernaient à leur gré. Ce fut sans doute de cette société corrompue que lui vint ce penchant au libertinage, ce goût effréné pour les voluptés et pour les amours criminelles, qui ne cessèrent pas même dans sa dernière vieillesse. Il aima, dès sa jeunesse, le comédien Métrobius, et conserva toute sa vie cette passion infâme [1] . Il devint arnoureux d’une courtisane fort riche, nommée Nicopolis, à qui l’habitude de le voir et les agréments de sa figure inspirèrent une telle passion pour lui, qu’en mourant elle l’institua son héritier. Il hérita aussi de sa belle-mère, qui l’aimait comme s’il eût été son propre fils. Ces deux successions lui donnèrent de grandes richesses.

III. Nommé questeur de Marius, alors consul pour la première fois, il le suivit en Afrique dans la guerre contre Jugurtha. A peine arrivé à l’armée, il s’y fit de la réputation par son courage ; et, ayant su profiter d’une circonstance heureuse, il gagna l’amitié de Bocchus,