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spécieux renvoyer de Rome tous ces philosophes. Il se rendit au sénat, et reprocha, aux magistrats qu’ils retenaient depuis longtemps ces ambassadeurs, sans leur donner de réponse. « Ce sont, ajouta-t-il, des hommes capables de persuader tout ce qu’ils veulent. II faut donc connaître au plus tôt leur affaire, et la décider, afin que ces philosophes retournent à leurs écoles pour y instruire les enfants des Grecs, et que les jeunes Romains n’obéissent, comme auparavant, qu’aux magistrats et aux lois. » En cela il agissait, non, comme on l’a cru, par une inimitié personnelle contre Carnéade, mais par une opposition décidée à la philosophie, par un mépris affecté, et dont il faisait gloire, pour les muses et les disciplines grecques.

XXXVI. Il traitait Socrate lui-même de babillard, d’homme violent et injuste, qui avait entrepris, autant qu’il l’avait pu, de devenir le tyran de sa patrie, en renversant les coutumes reçues, en entraînant les citoyens dans des opinions contraires aux lois. Il se moquait de l’école d’éloquence que tenait Isocrate, et disait que ses disciples vieillissaient auprès de lui, comme s’ils ne devaient exercer leur art et leur talent pour plaider que dans les enfers. Pour détourner son fils de l’étude des lettres grecques,