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CATON.

phe, mais seulement l’inscription suivante, dont voici la traduction littérale : « À l’honneur de Caton, pour avoir, par de salutaires ordonnances, par des établissements et des institutions sages, relevé, dans sa censure, la république romaine, que l’altération des mœurs avait mise sur le penchant de sa ruine. Avant qu’on lui dressât cette statue, il se moquait de ceux qui désiraient ces sortes d’honneurs. « Ils ne voient pas ; disait-il, qu’ils mettent leur gloire dans les ouvrages des statuaires et des peintres ; pour moi, je me glorifie de ce que mes concitoyens portent empreintes dans leur âme les plus belles images de moi-même. » Quelques personnes lui témoignaient un jour leur étonnement de ce qu’on ne lui avait pas érigé de statue, tandis que des gens obscurs en avaient. « J’aime mieux, leur répondit-il, qu’on demande pourquoi on n’a pas élevé de statue à Caton, que si on demandait pourquoi on lui en a dressé une. » En un mot, il ne voulait pas même qu’un bon citoyen souffrît une louange qui ne tournait pas à l’utilité publique. C’était cependant l’homme qui se louait le plus lui-même ; au point que, lorsque des citoyens avaient fait des fautes dans leur conduite, et qu’on les en reprenait : « Il faut, disait-il, les excuser ; car ils ne sont pas des Caton. »