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CATON.

veur de ces bannis, se lève et prend la parole. « Il semble, dit-il, que nous n’ayons rien à faire, à nous voir disputer ici une journée entière pour savoir si quelques Grecs décrépits seront enterrés par nos fossoyeurs ou par ceux de leurs pays. » Le sénat ayant décrété leur renvoi, Polybe, peu de jours après, demanda la permission de rentrer dans le sénat pour y solliciter le rétablissement des bannis dans les dignités dont ils jouissaient en Achaïe avant leur exil ; et d’abord il voulut sonder Caton pour savoir quel serait son sentiment. « Il me semble, Polype, lui répondit Caton en riant, qu’échappé, comme Ulysse, de l’antre du Cyclope, vous voulez y rentrer pour prendre votre chapeau et votre ceinture que vous y avez oubliés. » Il disait que les sages tirent plus d’instruction des fous, que ceux-ci ne sont instruits par les sages : parce que les sages évitent les fautes dans lesquelles tombent les fous, et que les fous n’imitent pas les bons exemples des sages. Il aimait mieux voir rougir que pâlir les jeunes gens ; il ne voulait pas qu’un soldat, en marchant, remuât les mains ni les pieds en combattant, ni qu’il ronflât plus fort dans son lit qu’il ne criait sur le champ de bataille. Il se moquait d’un homme qui était d’une grosseur extraordinaire. « À quoi, dit-il, peut être utile