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CATON.

tirés des ouvrages des Grecs ; et plusieurs de ses sentences morales en sont traduites mot à mot.

IV. Il y avait alors à Rome un citoyen des plus distingués par sa noblesse et par sa puissance, le plus capable de discerner une vertu naissante, le plus propre, par sa douceur, à la développer et à la pousser vers la gloire ; c’était Valérius Flaccus : ses terres touchaient à la maison de campagne de Caton, dont il avait appris, par ses esclaves, la manière de vivre et l’application au travail. Il était charmé de savoir que dès le matin il allait dans les villes voisines plaider pour ceux qui l’en priaient ; que de là il revenait dans son champ, où, vêtu d’une simple tunique pendant l’hiver, et nu si c’était l’été, il labourait avec ses domestiques, et, après le travail, les admettait à sa table, où il mangeait du même pain et buvait du même vin qu’eux. Comme les esclaves de Valérius rapportaient tous les jours à leur maître plusieurs traits de la modération et de la bonté de Caton ; qu’ils lui citaient quelqu’une de ses sentences pleines de sens, Valérius le fit prier un jour à dîner. Depuis, il l’invita souvent ; et, ayant reconnu en lui un caractère doux et honnête, qui, comme une bonne plante, ne demandait qu’à être cultivé et transplanté dans un meilleur sol, il lui persuada