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veaux ceux dont les ancêtres avaient vécu dans l’obscurité, et qui commençaient à s’illustrer par eux-mêmes ; ils donnèrent donc à Caton le nom d’homme nouveau ; mais il disait lui-même que, s’il était nouveau à l’égard des honneurs et de la réputation, il était très ancien par les exploits et les vertus de ses ancêtres. Il ne porta pas d’abord le surnom de Caton, mais celui de Priscus ; et ce fut à cause de sa grande sagesse qu’on le nomma Caton : nom que les Romains donnent aux hommes qui ont une grande expérience (01). Il était roux de visage et avait les yeux de couleur bleue, comme on le voit par cette épigramme, qu’un de ses ennemis fit contre lui :

Tu connaissais ce roux qui mordait tout le monde,
Et dont on redoutait les yeux bleus en couleur.
Aujourd’hui qu’il n’est plus, Proserpine en a peur,
Et défend que Caron le passe sur son onde.

Un travail assidu, une vie frugale, et l’habitude du service militaire, dans lequel il était entré dès sa première jeunesse, lui avaient donné une complexion aussi saine que robuste.

II. Il regardait la parole comme un second corps, comme un instrument non seulement honnête, mais encore nécessaire à tout homme qui ne veut pas vivre dans l’obscurité et dans l’éloignement des affaires. Il la cultiva donc avec soin et l’exerça habituellement, en al-