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étaient allés chercher ailleurs des établissements. C’était une multitude immense d’hommes en âge de porter les armes, tous belliqueux, et qui menaient à leur suite un nombre plus grand encore de femmes et d’enfants. Les uns, franchissant les monts Riphées, se répandirent vers l’océan septentrional, et se fixèrent aux extrémités de l’Europe. Les autres s’établirent entre les Pyrénées et les Alpes, près des Sénonais et des Celtoriens, et y restèrent longtemps. Mais un jour ayant goûté, pour la première fois, du vin qu’on leur avait apporté d’Italie, ils trouvèrent cette boisson si agréable et furent si ravis du plaisir nouveau qu’elle leur avait causé, que, prenant aussitôt leurs armes, et emmenant avec eux leurs femmes et leurs enfants, ils se portèrent du côté des Alpes pour chercher cette terre qui produisait un si bon fruit, et auprès de laquelle toute autre terre leur paraissait stérile et sauvage. XVII. Le premier qui avait porté du vin dans leur pays, et qui les excitait le plus à passer en Italie, était un Toscan nommé Aruns, homme d’une naissance illustre, et qui, sans être d’un naturel méchant, voulait se venger d’un affront qu’il avait reçu. Il était tuteur d’un jeune orphelin nommé Lucumon, le plus beau et le plus riche de ses concitoyens, et qu’il avait élevé dès son bas âge : parvenu à l’adolescence, Lucumon