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plus sûrement leur pays et leurs richesses. Le peuple, devenu riche et nombreux, avait accueilli avec joie cette proposition ; et, toujours attroupé autour de la tribune, il demandait en tumulte qu’on prît les suffrages. Le sénat et les principaux citoyens, persuadés que cette loi était moins le partage que la ruine totale de Rome, y montrèrent la plus grande opposition, et eurent recours à Camille, qui, redoutant l’issue de cette division, alléguait sans cesse de nouveaux prétextes, faisait naître des obstacles, reculait de jour en jour la proposition de la loi, et se rendait par là plus odieux au peuple. IX. Mais ce fut à l’occasion de la dîme des dépouilles que le peuple fit éclater avec le plus de force son animosité contre lui ; et il faut avouer que cette cause, sans être entièrement juste, avait au moins un prétexte spécieux. Lorsque Camille était parti pour Véies, il avait fait vœu, s’il prenait cette ville, de consacrer à Apollon la dîme du butin. Quand la ville fut prise et livrée au pillage, soit qu’il craignît d’affliger ses soldats, soit que l’embarras où il se trouvait alors lui eût fait oublier son vœu, il les laissa maîtres du tout. Ce ne fut que longtemps après, et lorsqu’il était déjà sorti de charge, qu’il pensa à en faire son rapport au sénat. En même temps les devins déclarèrent